« Si je peux me le permettre, cette question est profondément stupide. Il est évident qu'on ne choisit pas vraiment Taiyou Gakuen. A un moment donné, si on a l'occasion de pouvoir y aller, soit parce que ses parents ont suffisament d'argent pour rouler dessus à plusieurs reprises, ou parce qu'on pue, au choix, l'intelligence, la sueur ou le talent artistique, je ne vois pas pourquoi on s'en priverait. Nan mais sérieusement. Avez-vous déjà entendu quelqu'un dire : "Taiyou Gakuen ? Oh, non merci je préfère rester dans mon village de pêcheur ou je n'ai aucun avenir histoire de pouvoir ne jamais être quelqu'un d'important dans ma vie, parce que la médiocrité c'est ma passion." ? Je ne crois pas, non. En conclusion, on peut carrément dire que c'est plutôt l'école qui nous choisi.

Après oui, je pourrais vous raconter un milliard d'histoire assez sympatique sur les raisons qui m'ont poussé à venir ici : J'ai une véritable passion pour les guerres puériles qui inclut des adolescents en pleine poussée d'hormone ; Je suis une fanatique du Japon, j'en mange au petit déjeuner ; ou encore que je souhaite réussir dans la vie pour devenir une personne importante et sauver le monde. Mais pour dire vrai, la principale cause de ma présence ici... C'est le coût des études. Je sais que je ne devrais sans doute pas vous dire ça, mais je n’ai pas l’habitude de mentir sur mes motivations et je suis déjà reçue donc cela ne risque pas de changer la donne. Si je suis ici c’est parce que l'école coûte particulièrement cher, et que la réputation de cet endroit n'est plus à faire. Je ne vois carrément pas mon père m'envoyer dans le lycée du coin, qui a certes d'excellents résultats mais qui ne dégage pas ce que cet endroit dégage. Quand on entre ici, on a l'impression que l'école nous dit "Bonjour, tu vas réussir de façon spectaculaire et devenir indécemment riche, parce que c'est ce que l'on fait de vous : L'élite de demain !" Alors forcément, ça vend du rêve.

D'autant plus qu'au delà du fait que nous sommes une fraterie de quatre gosses, mes parents ont carrément les moyens de nous payer des études. Ils ne sont pas terriblement dépensiers et gagnent largement bien leur vie. Croire que j'ai pu rentrer ici à l'aide d'une bourse, c'est à la fois naif et stupide. Vous me voyez, moi, battre un record sportif ou faire preuve de mes talents intellectuels ? Pas que je soit tout à fait débile, mais n'imaginez pas que je vais fournir plus que le strict nécessaire. Je suis abonnée au minimum syndical, aka juste ce qu'il faut pour passer sans inquiéter quiconque ou qu'on ne remette en cause ma présence ici. Je ne voudrais surtout pas avoir mes parents sur le dos, merci, je vois ma mère d'ici me hurler dessus parce que je suis une gamine irresponsable. »


« Pas spécialement. Je ne suis même pas vraiment au courant de l'existence de clubs ici. J'en rejoindrais peut-être un s'il s'agit de ne rien faire toute la journée. Je ne voudrais pas m'enfoncer dans le vieux cliché de la glandeuse-de-service-trop-rebellllz-dans-sa-tête, car ce serait à la fois faux et dégradant, mais de toute façon je n'aime pas trop me regrouper avec des gens pour parler de choses où ils sont persuadés qu'ils ont raison alors que tu tente de leur expliquer que tu détient la science infuse et qu'ils doivent te vénerer. On ne trouve pas moins efficace comme technique, et je parle d'expérience. »

« Je vous demande pardon ? On ne m'avait pas dit que cet entretien comprenait une introspection, je crie au scandale ! Oh, c'est bon, je déconne. Mais je ne vous promets rien, vous avez aussi suivi des cours de philo au lycée, votre prof a certainement passé des heures à expliquer en long, en large et en travers pourquoi il était impossible de se connaître soi-même n'est-ce pas ? Que les choses soient claires : j'ai peut-être l'air d'une jeune fille adorable, mais je n'ai rien de l'Abbé Pierre. La solidarité, aider mon prochain, très peu pour moi. Je n'irais pas jusqu'à dire que je suis égoïste, ça non, mais à chacun ses problèmes, et mon rôle dans la vie c'est pas d'aider le plus de gens possible pour aspirer à une réincarnation correcte. Et s'il m'arrive d'être généreuse, je n'ai également aucun problème de conscience lorsqu'il s'agit de faire passer mes propres intérêts avant ceux des autres. Disons que cela dépend des situations et que c'est quelque chose sur lequel je suis assez lunatique. Ceux que ça arrangent bien me rabachent que c'est une façon d'attirer le regard et l'attention d'autrui, histoire de prendre confiance en soi ou un baratin du même genre, mais honnêtement peu importe, je ne vois pas qui ça intéresse.

En revanche, oui, je peux être très sympatique si vous me laissez l'occasion de l'être, et surtout si vous avez le courage et les reins pour me suivre dans mes délires. Oui, je préfère vous prévenir, beaucoup disent que j'ai une poisse extraordinaire. Je dirais que ça n'a rien à voir avec le karma, c'est juste une histoire de prise de risque. Mais qu'est-ce que j'y peux si ce lama a atterri dans la cuisine de la maison ? De toute façon, personne n'a aucunes preuves. Pour ma défense c'est plus fort que moi, il faut que je fasse quelque chose. J'ai une stricte horreur de l'ennui. Et ne venez pas me proposer de réviser, je crois que je pourrais mal le prendre. Faut pas déconner.

Sinon, j'en étais où ? Ah oui. Ma mère m'a toujours décrite comme sa fille la plus ouverte et spontanée. La plus bavarde aussi - un peu trop la plupart du temps. Il m'arrive d'être raisonnable - enfin, quand il le faut - et je ne touche pas aux drogues dures, si vous considérez ça comme une qualité. Vous vous rendez compte que ma mère me lavait la bouche avec du savon dès que j'avais le malheur de dire la moindre grossièreté ? Elle est du genre catho pratiquante, c'est pas facile tous les jours. Depuis ces épisodes traumatisants, je me sens obligée de taquiner - gentiment, rassurez-vous - chaque humanoïde qui croise mon chemin. Comme mon frère, quand il écoute les Beatles à s'en briser les tympans dans sa chambre. Un looser, ce mec. Enfin, je n'ai rien contre lui, ni contre les Beatles, mais supporter Ob-La-Di, Ob-La-Da alors que ton lapin nain vient de crever, c'est rude.  »

« Probablement très bien, puisqu'ils sont censés être mes amis. Déjà, sans vouloir jouer à qui à la plus grosse, je pense pouvoir compter de nombreuses personnes parmi mes amis. Après tout, je suis une créature assez sociable, quoiqu'un peu particulière pour certains. Il est difficile de cerner un être humain, et quand bien même. En ce qui me concerne, je commence toute relation avec une base de respect, de curiosité, et avec un regard neuf : En aucun cas je ne me permet de jugement, je trouve cela futile. Cela fait probablement que je n'ai aucun mal à me faire de nouveaux amis.

Toutefois, obtenir de nouveaux ennemis n'est pas bien compliqué. Je n'en ai pas fait mon sport favoris car je trouve que les défis trop faciles ne sont pas intéressant à relever, mais j'arrive sans peine à me faire détester si le besoin s'en fait ressentir. Enfin... En général je ne le cherche pas spécialement. J'ai juste une allergie très prononcée envers le manque de respect et les comportements insultants, ce qui ne favorise pas ma bonne entente avec ces personnes. Je peux être effroyablement détestable si l'on me cherche après tout : Je vous l'ai dit, je ne suis pas un ange. Ceci dit, à mon sens, haïr les gens représente une grosse perte de temps et d'énergie, et à quel profit ? Je préfère ignorer purement et simplement les gens que je n'apprécie pas, tant qu'ils ne viennent pas me provoquer.

Mais pour en revenir à la question initiale, je ne sais pas trop quoi répondre... Mes amis... Sont de grandes personnes, pour commencer. Je pense qu'ils ne me voient ni comme un sauveur ni comme l'étoile de leur vie : Je ne suis pas nécessaire à leur survie, ils ne le sont pas à la mienne. Ils savent se débrouiller, et je ne m'implique que lorsque c'est strictement nécessaire. Je m'attache rarement aux personnes faiblardes incapable de se défendre, donc je n'ai pas à défendre ni la veuve, ni l'orphelin, ce qui entre nous m'arrange bien. »

- La famille de la demoiselle est très particulière. Gerda, névrosée qui s'ignore, et Manfred, général aussi strict que bourri, ont toujours mis leur progéniture sur un piédestal. Gerda les a toujours bassiné avec ses principes chrétiens à la noix, ses mœurs débiles, ses préjugés, ses prières totalement absurdes et inutiles et tout ces dimanches matins consacrés à la messe, tandis que leur père a bien pris soin de leur inculquer la discipline qu'il pensait être juste. Sans oublier les fringues stricts et ternes qu'ils leur faisait porter. Forcément, Andrea, Stefanie, Will et Edmund les envoient sur les roses... Enfin, leur mère tout du moins. Personne ne se risquerait à contredire Manfred Engel. Inutile de préciser qu'il dort avec son fusil - ce qui a provoqué quelques catastrophes et de lourds traumatismes. C'est probablement pour ça que la jeune fille se lâche depuis qu'elle est ici. Mais ne vous méprenez pas sur cette dernière phrase : Elle n'est pas une grosse rebelle de la life, elle vit juste sa vie comme elle l'entend.

- Si elle en avait la volonté et contrairement à ce qu'elle affirme, la jeune allemande aurait très bien pu entrer à l'aide d'une bourse, mais disons que le domaine scolaire ne l'a jamais intéressé. Sa mère peut se mettre le doigt dans l'œil, et jusqu'au nerf optique, si elle compte faire de Will une jeune fille assidue en cours et aux notes irréprochables, même si celle-ci aurait (aux dires de Gerda) des capacités inexploitées et un quotient intellectuel légèrement (faut pas déconner non plus, n'est pas Einstein qui le veut) au dessus de la moyenne.

- C'est très mauvaise joueuse, elle a donc décidée de passer maître dans l'art de la triche. Elle a, par exemple, appris toutes les réponses du Trivial Pursuit par cœur pour battre ses frères et soeurs (et en plus, ça en met plein la vue dans les conversations).

- C'est une procrastineuse. C'est plus fort qu'elle, même si elle est consciente que c'est un terrible défaut. Elle repousse toujours au lendemain, puis au lendemain, puis... au lendemain. Elle n'arrive pas à prendre de véritables décisions qui impliquent un engagement dans un avenir plus lointain que vingt-quatre heures. Elle clame à qui le veut que c'est sa spontanéité et son indépendance, mais c'est juste une histoire d'organisation et de flemme intersidérale.

- Elle adore bricoler. La technologie l'intéresse beaucoup, elle a éventré plus d'un ordinateur et dès qu'il s'agit de réparer un truc, elle prend un véritable plaisir à le faire. Si vous avez un soucis avec quoique ce soit qui s'approche plus ou moins d'un outil technologique, n'hésitez pas à aller la voir, elle se fera un plaisir de se pencher sur la carcasse et de vous le rendre comme neuf.